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La vie sous la voie ferrée à Tôkyô

La vie sous la voie ferrée à Tôkyô
  • Journal de bord et photos de recherche >>>logements sous la voie ferrée à Tokyo. 高架したに作られたアパートで暮らしている人々について、研究の日記と写真集です。写真は多少日本語の説明がついてあります。
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25 mai 2007

Ethnic Groups of China 2

J'ai pu assister à une présentation très intéressante hier à la MFJ sur les persécutions contre les chrétiens en Chine au 18ème siècle. Cela m'a fait réfléchir au fait que l'on entend beaucoup moins parler des chrétiens et juifs de Chine (de plus en plus répandus) que des autres minorités tout simplement parce que leur "différence" n'est basée que sur la religion et non sur des critères "ethniques". Il s'agit pourtant de communautés fortes...j'imagine donc que la conversion de Hans dérange sans doute toujours malgré tout.

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18 mai 2007

Ethnic Groups of China

Après mon cours de tibétain, petit tour à la bibliothèque de Hongo. N’ayant pas beaucoup de temps devant moi, je me limite pour cette fois à a salle des périodiques, et constate que la revue sur le transport par le rail a disparu des rayons, il faudra que je jette un coup d’œil sur internet pour survoler les nouveaux numéros. En revanche, je remarque deux nouvelles revues :

-          Local Government Review in Japan(ISNN 0288-7622), éditée par le Japan Center for Local Autonomy. C’est une revue annuelle, seuls les numéros de 2004 et 2005 (num. 32 et 33) sont présents à la bibliothèque. La présentation est un peu inhabituelle car écrit très gros. Dans le num. 32 se trouve un article appelé « Explaining Local Autonomy and Decentralization in Japan to Foreign Countries » par Akihide Horashima (p.15 à 35). Je ne le trouve pas terrible.

-          Dans un style très différent et sans lien direct avec mon projet de recherches, il existe une revue intitulée CEG (Chinese Ethnic Groups, ISSN 1672-3341). C’est un trimestriel publié par Ethnic Groups Unity Publishing House, le numéro actuel (printemps 07) est le numéro 5. Les membres de l’équipe dirigeante ont tous leur ethnie spécifiée à côté de leur nom et fonction[1], à l’exception du directeur général qui  je suppose est donc un « pur » Han. L’anthropologue conseil de service est également Han. La revue est imprimée sur du papier de bonne qualité, très colorée, avec de nombreuses photos. Je ne m’avancerais pas trop à louer la qualité des articles, qui pour moi tiennent plutôt du reportage folklorico-touristico-sensationnaliste qu’autre chose : le visuel se taille la part du lion, avec une mise en page très conceptuelle. On y relève de temps en temps quelques phrases bien pro-chinoises du genre : “Among all the civilizations in the World, the Chinese Civilization is the only one that has enjoyed an uninterrupted continuation since it’s birth.”(n.5, p. 26). “To realize a dream that many deemed impossible, Chinese scientists and engineers have overcome a host of engineering problems”(n.3, p12.).”On October 13 2005, the first train to

Lhasa

was on its way with a cargo full of goods for

Tibet

.”(n.3,p.13), et j’en passe et des meilleures.
A travers une série de reportages sur différentes ethnies, artistes, ou symboles[2], le message diffusé est le suivant : toutes ces minorités font partie de la chine, qui est bienveillante à leur égard[3]. On en pense ce que l’on veut…


[1] Il y a un Yugur, deux Uygurs, un Coréen, un Miao et un Mongol

[2] Dans le numéro de 2004, il y a plusieurs pages sur le dragon chinois expliquant son importance pour les « Han » et le fait qu’il est aussi présent chez nombre de minorités.

[3] Il n’existe pas de site internet de cette revue, par contre dans la même veine le gouvernement chinois propose ceci :  remarquer le lien « aide gouvernementale en bas à droite ».

17 mai 2007

Il pleut bergère

Je suis un peu frustrée ces derniers jours car les messages que je poste sur le blog sont bien enregistrés mais n'y apparaissent pas. Voyons voir si la machine se laissera impressionner par mon humeur et décidera de remédier au problème...j'en doute, mais que puis-je faire d'autre qu'espérer ?

A part cela, je commence à voir se dessiner plus précisément la silhouette de mon futur séjour dans le Kansai. J'ai revu le moine que madame Picone m'avait présenté lors de son passage à Tôkyô, Uemura-san, qui m'a surpris par une visite guidée de coins 懐かしいde Shinjuku mais aussi par sa bonne résistance à l'alcool[1]. Il a pu me fournir nombre d'informations sur Osaka où il a vécu pendant cinq ans, m'indiquant notamment plusieurs sites où se trouvent[2] des logements sous la voie ferrée. Je dois aussi contacter Makoto Kubo, mon ancien prof d’anthropologie politique (j’ai suivi son séminaire à Strasbourg, mais son affiliation principale est à Osaka). C’est un juriste spécialisé dans la question des minorités au Japon et en particulier en ce qui concerne burakumin et zainichi. Aujourd’hui il pleut à verse, je suis donc condamnée à travailler à la maison, séchant par conséquent les cours d’Hindi et de Mongol de l’après midi pour mieux progresser dans l’écriture du mémoire. Il va de toute façon bientôt falloir que je fasse un choix parmi les nouvelles langues que je suis en train d’étudier, car j’ai beaucoup trop de devoirs et cela commence à empiéter sur mon travail de recherche. Bref, rien de fantastique à raconter aujourd’hui, je ferais mieux de retourner au « vrai » travail.

[1] En plus d’être japonais, il s’agit d’un moine. Mais sans être spécialiste de la question, j’ai bien l’impression qu’il est plus proche de la règle que de l’exception.

[2] Ou tout du moins, où se trouvaient à l’époque des logements sous la voie ferrée : étant donné la vitesse à laquelle les villes se détruisent et se régénèrent, il est impossible d’affirmer que ces lieux existent toujours sans se rendre sur place.


12 mai 2007

Un homme sans talents

Pratiquement achevé la rédaction du chapitre sur la méthodologie, il était temps. En parallèle, je prépare deux présentations : l'une à la MFJ qui tournera principalement autour des aléas du terrain et des choix méthodologiques, l'autre à Todai, où je présenterai plus largement l'ensemble du projet. La semaine prochaine, j’ai un rendez vous crucial pour préparer la semaine que je compte passer à Osaka début juin. Je dois aussi contacter l’un de mes anciens professeurs, qui enseigne le droit des minorités à Osaka. Bien qu’il s’intéresse surtout aux burakumin et autres zainichi, nous avions eu une conversation intéressante à Strasbourg et je pense qu’il pourra m’aider d’une façon ou d’une autre, ne serais ce que par sa connaissance de la ville et de la loi. Mes devoirs en Hindi et Tibétain commencent à me prendre pas mal de temps, j’espère ne pas avoir à faire un choix pour des raisons de temps avant de terminer le mémoire car le fait d’apprendre de nouvelles langues m’aère vraiment l’esprit.

Après avoir lu avec intérêt et donc en intégralité l'autobiographie de Shirô Ôyama : A Man With No Talents, Memoirs of a Tôkyô Day Laborer, je m'apprête à me lancer dans le nouvel ouvrage sur la ville edité par Philippe Pelletier avec Carolina Hein : Cities; Autonomy and Decentralization in Japan. Sans doute moins distrayant que le précédent, il a quand même le mérite de proposer une approche plus urbanistique que politique à des questions de machizukuri. Je dois aussi me mettre à 東京の空間人類学, non que la version anglaise m'ait particulièrement impressionnée mais parce qu'il me semble qu'il s'agit d'un ouvrage inévitable que je dois être en mesure de critiquer. Je me suis procurée la version japonaise afin de pouvoir mieux saisir les concepts utilisés, difficiles à saisir dans une traduction. Je survole aussi ここが「東京百景」,un petit livre de poche qui compare estampes de légendaires lieux de Tôkyô à l'époque Edo et leur état actuel illustré en photos. C'est un petit livre idéal pour les transports car chaque cas ne compte que quelques pages, seul bémol : pas mal de kanjis compliqués assortis de furugana. Mon autre compagnon de transports est 東京都市計画物語, qui comme son titre l'indique détaille quelques uns des grands projets urbanistiques à avoir été menés dans la capitale. Le dernier chapitre regroupe les échecs les plus cuisants du plan urbain de Tôkyô, puis il termine avec quelques propositions pour relever les défis futurs.

2 mai 2007

Les mauvaises herbes

Ce n'est pas sous la voie ferrée, et pourtant en passant dans l'envers de Jiyûgaoka aujourd'hui, j'ai remarqué ces logements collés à un parking payant. Ce qui m'a frappé, c'est cette porte fenêtre au premier étage, qui s'ouvre sur le néant. Y avait-il un balcon qui aurait été détruit? Je leur ai trouvé, en tout cas, un petit air de famille avec les lieux que j'observe habituellement : cubes alignés et entassés, comme compressés entre deux espaces, mais résistant aussi fièrement que les "mauvaises herbes".

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1 avril 2007

Redaction et rêveries printanières

Pas de news depuis 2 semaines, je sais. Je ressens malgré moi une sorte de besoin de me justifier envers moi-même, toutefois quelques lignes devraient amplement suffire.

J'ai en effet commencé la rédaction, histoire de voir où le bas blesse...et je n'ai d'ailleurs toujours pas terminé d'élaborer un sommaire cohérent et intelligent. Ceci dit, l'exercice est vraiment utile. J'attribue en partie le manque de productivité de ces dernières semaines à un grave besoin de vacances allié au retour en force du beau temps qui met vraiment ma concentration à dure épreuve. J'ai aussi réalisé que je suis déjà ici depuis six mois et que j'aimerais bien profiter de mon séjour en dehors de la recherche acharnée. Afin de ne pas trop culpabiliser, je pense à organiser un petit voyage dans le kansai histoire de changer d'air (enfin, façon de parler ù je ne suis pas sûre qu'il y ait moins de CO2 sous les voies verrées d'Osaka que sous celles de la capitale), qui me permettrait de rencontrer ma directrice de recherches et d'observer quelques lieux potentiels à Osaka et Kobe. Restent encore à régler quelques problèmes logistiques, mais c'est là tout ce à quoi je rêve au soleil du mois d'avril qui commence.

12 mars 2007

Bouquins

Je n'en parle pas forcément autant que je voudrais pour des raisons de temps, mais je continue bien entendu mes recherches bibliographiques. Je fais des recherches à travers les catalogues de différentes bibliothèques, les classe dans un dossier Excel selon différents critères, puis je me rends à la bibliothèque pour déterminer ceux qui sont les plus appropriés...Une lecture rapide sur place en prenant quelques notes, et puis les plus chanceux sont empruntés. Mais s'ils me touchent vraiment, je ne peux pas m'empêcher de les acheter ou de les photocopier car les délais et volumes de prêt sont ridicules (5 livres pour 2 semaines à Todai), et il est vrai que j'aime bien pouvoir lire à n'importe quelle heure et principalement très tard dans la nuit...tout en annotant le texte.

J’ai aussi repéré quelques ouvrages intéressants sur Amazon, sans réussir pour l’instant à les repérer en bibliothèque, comme par exemple, avec le mot clé 高架 :

-          タイ国バンコク首都圏国鉄高架化計画調査報告書 (1984, 国際協力事業団),

-          インドネシア共和国ジャカルタ大都市圏鉄道輸送計画調査報告書〈中央線高架化フィージビリティスタ (1982, 国際協力事業団),

-          高架道路周辺の騒音分布とその対策資料集 (1985, 建設省土木研究所),

-          高架下建物設計指針 (1972, 本国有鉄道), 

-          高架線の戦慄 (昭和15, 長谷川 修二),

-          鉄道高架橋における形態の開発 (1980, 五味 ), 高架下からの都市創造と商業の活性化 / 山本雄二郎監修, 東京 : 地域科学研究会 , 1994.8. ;

-          宿院高架橋 (1976, 近畿地方建設局), 

-          道路橋の点検補修 (1978, 高架構造研究会)

Outre le contenu que laisse imaginer le titre, je prête toujours une grande attention aux auteurs/compilateurs/éditeurs. Dans ce cas précis, c’est le dernier ouvrage de la liste, 道路橋の点検補修(« Inspection et réparation des viaducs autoroutiers ») qui m’a le plus interpellé. En effet, bien que ce ne soit pas le document le plus proche de mon sujet de recherche, il a été compilé par 高架構造研究会, c’est à dire par le « cercle de recherche sur les structures surélevées ». Maintenant que je connais l’existence (au moins dans les années 70) d’un tel cercle, je vais me renseigner à son sujet.

Mon amie Aliya en repartant au Kazakhstan m’a légué quelques ouvrages plus généraux sur l’anthropologie en japonais, et notamment le 文化人類学事. C’est un répertoire à la fois utile mais aussi renseignant sur la vision japonaise (ou tout du moins de ses auteurs) sur l’anthropologie…est ce d’ailleurs bien utile de le préciser, étant donné que tout ouvrage peut être lu à différents niveaux et avec différentes intentions ? Outre le文化人類学事, j’hérite également de plusieurs ouvrages en particulier sur l’anthropologie des religions (qui m’aéreront un peu l’esprit quand j’aurai le loisir de les feuilleter), mais aussi sur l’enquête de terrain. Puisque j’en suis à parler de bouquins, présentons en deux mots mes dernières acquisitions :

- 東京から考える格差・郊外・ナショナリズムpar Azuma Hiroki et Kitada Akihiro s’appuie à chaque chapitre sur un quartier ( Shibuya, Aobadai, Taitô-ku, Ikebukuro) pour faire réfléchir sur différents thèmes (la ville, la banlieue, les inégalités, l’individualisme, le nationalisme). J’ai donc eu envie de le lire pour voir comment les auteurs s’en tirent…mais aussi parce que plusieurs des lieux que j’observe se trouvent dans l’arrondissement de Taitô. Je viens de commencer, donc pas encore de verdict.

- 趣都の誕生・萌える都市アキハバラde Morikawa Kaiichirô, sous titré en anglais comme suit : « Learning from Akihabara, the Birth of a Personapolis », ce qui est un peu différent de ce que laissent entendre les kanji originaux. L’introduction contient ces quelques mots qui laissent deviner la perspective de l’auteur : « 趣味が都市を変える力を持ち始めたのである ». Plus que la partie consacrée à la présence débordante des personnages féminins d’anime, c’est le premier chapitre consacré à l’évolution/transformation d’Akihabara d’un quartier « familial »(家族連れの街) vers un quartier largement fréquenté par des Otaku qui m’intéresse.

- enfin, après avoir pas mal hésité j’ai choisi l’un des ouvrages compilés par Aoki sur la pauvreté au Japon, car c’est bien le nom qui revient constamment dans mes recherches bibliographiques…ne serais ce qu’à ce titre, il mérite donc d’être lu. J’ai donc choisi 現代の貧困と不平等, le plus récent, parce qu’il a été compilé après un symposium nippo-américain sur le sujet organisé par Aoki juste après la publication de 日本の見えない貧困que j’ai déjà feuilleté à la bibliothèque et dont on retrouve les principaux thèmes (même s’il insiste moins sur transmission de la pauvreté d’une génération sur l’autre)…j’espère donc une réflexion plus poussée à postériori : vamos ver.

A part cela, je pense prendre un peu de distance avec le terrain et consacrer une bonne partie de cette semaine à réfléchir à la rédaction. J’espère que cela me permettra d’évaluer l’état de mes connaissances, et par conséquent en tirer en retour des réponses quand au terrain lui-même, en mettant en évidence les points à approfondir. 頑張ります!

10 mars 2007

Jôban-sen fin, Ueno-Akiba

Complété la portion manquante de 常磐線 le 8 c'est à dire il y a deux jours. Bien que je mon intuition me disait que je n’allais rien y trouver, j’en avais trouvé mention sur le net et me devais donc de vérifier. Comme je m’en doutais, il s’agissait d’une méprise (ou abus de language) entre 三河島 et 新三河島. Au moins, j’en ai le cœur net. Durant la grande majorité du parcours, la voie ferrée est encastrée dans de murs, parfois ornés de barbelés dans les endroits où leur hauteur n’est pas suffisante pour en rendre l’escalade impossible.

Notons tout de même deux habitations (éloignées l’une de l’autre) accolées à la voie ferrée de façon à ce que le balcon se trouve directement en vis-à-vis avec la voie dans un style rappelant très nettement « les triplettes de Belleville ».  Les nuisances subies sont certainement comparables, mais ce n’en est pas moins hors sujet.

Pas grand-chose d’autre à raconter sur ce trajet, je pense que les photos sont suffisamment éloquentes pour me passer d’une description supplémentaire. Les quartiers traversés sont quand même l’occasion d’une belle balade à travers les 下町 : maisons anciennes et plantes à profusion (beaucoup en fleurs grâce au printemps qui approche).

Ayant encore du temps avant mon rendez-vous à Ginza avec quelques amis, j’en ai profité pour pousser jusqu’à Ueno, histoire de vérifier une fois de plus que personne ne vit bien à アメ横, lieu célèbre s’il en est pour son marché et pour ses magasins (de plus en plus diversifiés) sous la voie ferrée. Le syndicat de ses commerçants a maintenant son propre site internet ici. J’ai eu beau me tordre le coup, il n’y a vraiment rien en vue. Comme il faisait encore jour, j’ai continué jusqu’à Akihabara histoire de voir si les usages des dessous de voie avaient changé depuis mon dernier passage, ce qui n’est pas le cas. C’est un peu étonnant après avoir étudié tous ces lieux en pleine mutation (qui peuvent changer de visage en l’espace de quelques jours) de retrouver ces parkings et ces espaces vides tout aussi tristes qu’il y a trois ans. Quelques magasins (de perles notamment) ont surgit de part et d’autre alentours, mais le nerf central reste complètement déprimant, voire glauque à la nuit tombée. J’aurais bien aimé voir une suture de ces deux quartiers importants réalisée grâce à un prolongement d’ アメ横…d’autant plus que les parkings en questions sont toujours aux trois quart vides.

J’imagine qu’il y a plein de raisons aux choix urbanistiques qui m’interpellent constamment à Tôkyô, et il m’est difficile d’émettre un avis avisé sans avoir toutes les cartes en main. Le peu d’expérience et de compréhension que j’ai de cette ville en général tout comme à plus petite échelle me feraient néanmoins souvent tendre vers une autre direction, notamment en ce qui concerne les dessous de voies. Bien sûr, ce n’est pas nécessairement le milieu de vie le plus adéquat, l’environnement de vie le plus agréable. Mais tout transformer en parkings à voiture où à vélo (ce qui est la tendance générale actuellement) dévitalise des artères entières, entrainant des conséquences pour tout le quartier, plus où moins marquées selon les endroits.

Parmi les lieux que j’ai pu observer, Nakameguro (Toyokosen) est celui qui s’en tire le mieux : si les activités traditionnelles et les habitants qui lui étaient liés sont peu à peu poussés vers la sortie (et il serait bien de savoir vers où plus précisément), les coins les plus reculés du quartier sont revitalisés. En revanche, la ligne Keisei entre Nippori et la Sumida décroche haut la main la palme d’or de mes préoccupations : la zone est encore en pleine phase de destruction, mais les quelques indices que j’ai pu relever ne me rendent pas très optimiste : dans l’état actuel des choses j’ai bien l’impression que tout va être remplacé par des baraques de stockages et des parkings. Je dois me rendre la semaine prochaine au 荒川区ふるさと文化館 de Minamisenjû histoire de voir si je peux obtenir plus d’informations historiques mais aussi prévisionnelles.

8 mars 2007

Lettre

Comme je trouve que ces quelques pages écrites pendant la nuit à l'intention de ma directrice de recherches résument assez bien mes préoccupations actuelles et que je n'ai pas vraiment le courage de les remanier, je les poste telles quelles :

    "Tout d'abord, veuillez m'excuser pour ce mail très tardif alors même que je vous en avais promis un très rapide il y a presque deux semaines...j'espère qu'entre temps vous êtes bien installée à Kyôto.

Je vais donc essayer de dresser un état des lieux de ma recherche le plus objectif possible.

    Comme vous le savez, j'ai eu à mon arrivée la désagréable surprise de découvrir que le lieu que je souhaitais étudier avait été détruit en mon absence. Après avoir rapidement hésité devant l'échelle de la ville, et devant l'impossibilité de retrouver la trace des anciens habitants avec qui j'avais commencé à sympathiser, j'ai décidé de persévérer et de me mettre à la recherche d'un ou de plusieurs autres lieux comparables. J'ai décidé de tenter entrer en contact avec les différentes compagnies de train en prenant soin de préparer un argumentaire positif (les soirées passées il y a quelques années à travailler comme téléopératrice n'auront pas été complètement inutiles) : tout en sachant l'échec probable, un succès impromptu de cette démarche aurait considérablement accéléré les choses (qui ne tente rien n'a rien). Malheureusement, ce ne fut pas le cas : tout juste un bref espoir du côté de Tôkyû où un employé passionné m'avait répondu positivement avant de se faire rabrouer par la compagnie. Une fois le refus de coopéré avéré, il a fallu employer une autre stratégie, ô combien fastidieuse mais qui a finit par porter ses fruits : l'exploration systématique, qui aurait bien entendu été impossible si je n'avais bénéficié que de quelques semaines pour le terrain. J'avoue que j'ai mis un peu de temps pour élaborer une technique efficace et surtout pour obtenir les premiers résultats alors que je commençais à douter que d'autres lieux aient survécu.  En parallèle du terrain "terrain", j'ai aussi passé en revue les sites internet des "鉄ちゃん"(maniaques du train de toutes sortes, aucun ne s'intéressant directement aux habitations sous la voie ferrée mais un ou deux les mentionnant en passant), et fait des recherches bibliographiques en japonais. Bilan : rien sur la question, mais de plus en plus sur la précarité et sur les conditions de logement. Reste encore à rechercher des informations historiques sur les différentes lignes concernées pour compléter leur description, mais je pense que cela devrait être assez simple. Ce qui m'intéresse en particulier est de savoir à quel moment les lignes ont été surélevées, le dessous occupé, et à qui appartient le sol : en effet, après un coup d'œil à ce qui s'appelle 住宅地図, j'ai l'impression que dans certains cas les occupants sont propriétaires ce qu'il est important de vérifier.

    Fort heureusement pour mon moral plutôt affecté par de longues semaines de recherche ponctuées de longues journées de marche désespérément infructueuses(mais toujours enrichissantes sous d'autres angles), le premier endroit "découvert"(à Takao sur la ligne Keio), de construction récente, a largement nuancé l'hypothèse d'une disparition progressive des habitations sous la voie ferrée. Qui plus est, il se démarque des autres lieux sur de nombreux autres points : architecture, situation géographique, homogénéité des résidents (shataku destiné uniquement à des couples fraîchement mariés). Cela m'a immédiatement remis sur les rails, et peu à peu sont apparus d'autres sites : Tsurumi, Kokudô, Nakameguro, Asakusabashi, plusieurs dans la zone de Nippori/Shinmikashiwa/Machiya. Ces sites présentent des situations très variées selon les critères déjà cités et plus encore. Certains sont relativement préservés (Kokudô) voire presque flambant neufs (Takao), alors que d'autres sont en état de siège (la zone de Noppori, qui courait à l'origine sur presque deux kilomètres, est déjà largement détruite et le sera complètement vers mai-juin. Il n'y subsiste qu'une poignée de résistants très méfiants qui ne veulent pas abandonner le navire), en sursis (partie basse de Nakameguro) ou en mutation (partie haute de Nakameguro, Asakusabashi). La plupart des lieux font preuve d'une mixité entre commerces et habitations (habitations et commerces côte à côte, voire superposés). Seuls Takao, Kokudô et feu Shibuya abritent des zones exclusivement résidentielles importantes. J'ai déjà établi des plans le plus détaillés possibles de toutes ces zones(qui permettent aussi de situer précisément les clichés), et continue d'y ajouter des détails au fur et à mesure.

    Compte tenu du temps qui me reste, je pense qu'il serait raisonnable de concentrer mes forces sur les lieux déjà découverts, même si je suis bien sûre prête à réagir au moindre indice. J'aimerais beaucoup trouver le temps de me rendre sur des sites pressentis à Osaka et Kobe, histoire de faire un break utile, de respirer du CO2 ailleurs. Le CO2, autre élément à ne pas oublier d'ajouter à la partie "environnement du dossier", car moins perceptible mais sans dpute plus nuisible que le son et les vibrations. Avez vous remarqué que lorsque l'on recherche un itinéraire de train sur internet ou sur son keitai, il est possible de classer les différentes possibilités en fonction du taux de CO2 inhalé pendant le trajet? Encore plus réjouissant que les calories affichées sur le menu des restaurants.

Je vais essayer de demander une aide à la mobilité à mon labo, car il parait que nous y avons droit au moins une fois et il faut donc en profiter.

    Abordons maintenant le point principal : autrement dit, concrètement, quel sont les difficultés que je rencontre dans cette enquête. En recherchant différents lieux, je n'ai pas eu la prétention d'établir une carte exhaustive des lieux où l'on trouve des logements sous la voie ferrée à Tôkyô, tout simplement parce qu'il me faudrait plus de temps que je n'en ai de disponible pour ce master. En revanche, je pensais me faire une idée des différents types de configuration que l'on peut rencontrer, et les utiliser pour nuancer le portrait détaillé que j'avais l'intention de dresser du lieu que j'aurais choisi parmis eux pour y mener une enquête plus approfondie. La question se posait donc du choix de ce lieu disons privilégié de l'enquête. Plutôt que de choisir le "meilleur" lieu d'après des critères somme toute subjectifs (car ils sont tous très intéressants à leur façon, chacun ayant en plus des problématiques communes ses propres enjeux), j'ai préféré le laisser me choisir, c'est à dire, laisser la chance aux rencontres. Et c'est là que le bas blesse. Dans le cas de Takao notamment, intéressant de par le fait que c'est le seul à ma connaissance à avoir été construit récemment, mais aussi par l'homogénéité de sa population (jeunes couples le plus souvent avec jeunes enfants tous liés à la compagnie Keio, qui paient un loyer ridicule leur permettant d'économiser pendant une période maximum de dix ans afin d'acquérir leur propre logement), le rejet est assez net. Je n'ai pu lier conversation directement avec les intéressé(e)s, seulement avec des tiers. J'ai le sentiment que le lien à l'entreprise mais surtout cette situation de transit (période de dix ans maximum) rend les choses difficiles : les logements très impersonnels (tous identiques et non personalisés par plantes ou autres décorations) donnent d'ailleurs l'impression que leurs occupants ne se les approprient pas vraiment. Dans les shitamachi, il y a plus de curiosité à mon égard, il est facile de lier conversation aux comptoirs et les "locaux" (mais pas directement les habitants des lieux qui m'intéressent) viennent parfois spontanément vers moi. En revanche, je n'arrive pas encore à dépasser un stade trop superficiel dans ces entretiens...il y a toujours une certaine résistance. J'aimerais trouver un moyen de faire partie du paysage, j'ai même pensé à prendre un baito dans l'un des restaurants populaires qui ne manquent pas dans les zones qui mélangent commerces et habitations. Malheureusement, ce ne sont pas des zones florissantes, et personne ne cherche à embaucher (en dehors des quelques endroits branchés de Nakameguro où les habitants locaux ne se rendent pas). Qui plus est, les zones où il y a beaucoup de commerces ne sont pas celles où l'on trouve les plus d'habitations. J'essaie de repérer les lieux de socialisation en plein air : il y avait un petit parc à Takao où j'ai pu discuter avec les parents d'habitants venus garder les enfants, malheureusement depuis qu'il est en travaux je ne croise plus jamais personne. Il y a trois ans à Shibuya, j'avais eu la chance de rencontrer devant chez elles deux personnes qui m'avaient spontanément invitée à entrer pour discuter, mais plus le temps passe moins j'ai d'espoir que cela se reproduise. Par conséquent, je ne peux pas me limiter à un seul lieu et continue de les visiter tous à tour de rôle, complétant mes observations et espérant faire des rencontres fructueuses directement avec les habitants et non uniquement des "outsiders". Je me demande parfois si c'est la bonne attitude à adopter, mais cela me semble la plus rationnelle...et je ne peux absolument pas compter sur mon professeur japonais pour me conseiller d'un point de vue méthodologique, car c'est un 民俗学者 (néanmoins toujours prêt à signer toutes sortes de papiers). Il me donne toujours l'impression d'être découragé au départ, puis de s'extasier sur les résultats, mais sans vraiment rebondir pour me proposer de nouvelles pistes enrichissantes.

    Ma principale préoccupation en fait est liée au temps : je fais tout mon possible pour mener à bien cette enquête, tout en sentant que tout cela dépasse largement le temps imparti pour la réalisation d'un master. D'ailleurs, j'avoue avoir du mal à comprendre le degré de réalisation attendu d'un mémoire de master, d'autant plus que je sais que la plupart des étudiants n’ont pas la chance de passer autant de temps que moi sur le terrain. En fait j'ai vraiment l'impression d'être en plein apprentissage pratique : je suis en train d'apprendre à être efficace dans la recherche des lieux, dans la collecte, le traitement et la (re)présentation des données, en train d'affirmer des choix ancrés dans cette expérience pratique et non tirés de je ne sais quel manuel méthodologique. Evidemment, cela veut dire qu'il y a des rencontres ratées, du temps perdu, mais jamais de temps mort. J'apprends, mais est ce suffisant? Pendant ce temps quelque chose est en train de se dessiner sans que je sois certaine qu'il ait le temps de naître à terme. Je vois tellement de choses à faire...

    J'espère que vous pourrez m'éclairer un peu sur ce point, cela me permettrait de mieux me concentrer. D'autre part, pensez-vous préférable de soutenir en juin ou en septembre? Septembre laisse plus de temps pour nouer d'hypothétiques contacts, bien sûr, mais (à priori) ne laisse aucune chance niveau financements. Je ne pense pas demander à prolonger ma bourse par un PHD à Todai après mars 2008 pour plusieurs raisons : la règle ici semble être une durée de 5 à 6 ans ce qui me parait un peu long, qui plus est mon professeur admet de lui même ne pas se sentir vraiment capable de pouvoir m'aider et je ne pressens personne pour lui succéder. Qui plus est, les séminaires aux énoncés les plus excitants se révèlent jusqu'à présent assez plats. Il faudrait donc que je me renseigne pour les autres universités, ou que je rentre en France quitte à solliciter une autre bourse pour revenir plus tard au Japon (JSPS, Lavoisier, etc). Quoi qu'il en soit, je pense que l'important pour l'instant est de se concentrer sur le master, d'autant plus que ma bourse actuelle se poursuivant jusqu'en 2008 me laissera le loisir de mûrir mes projets de doctorat...en temps voulu.

    Pour ce qui est des autres crédits, je dois vous rendre un dossier sur le terrain, et régler le problème Agier toujours désespérément injoignable (il semble qu'il reçoive mes mails mais je ne reçois pas de réponse, ce qui est assez étrange. Je lui ai renvoyé le dossier, proposé d'écrire quelque chose sur le Japon s'il le jugeait nécessaire, mais seul le silence me répond. Le téléphone sonne également dans le vide...je vais relancer mme Poullet et voir si elle peut agir en ma faveur). Dans le pire des cas, et je ne souhaite pas en arriver là étant donné que j'ai théoriquement déjà rendu le nécessaire à M. Agier, il ne me restera plus qu'à entrer en contact avec A. Berque dont j'ai suivi le séminaire l'année dernière et lui proposer de rendre quelque chose.

    Je me rend compte que mes efforts pour être succincte ont tout de même donné naissance à 5 pages, il est donc temps d'arrêter pour vous épargner une lecture trop fastidieuse. A titre expérimental et surtout pour disposer d'une structure pour organiser mes idées, j'ai commencé à poster une partie de mon journal de recherche en ligne sur un blog à accès restreint : seules les personnes ayant l'adresse (c'est à dire vous et moi) peuvent y avoir accès. Si le cœur vous en dit, allez y jeter un œil. Ce n'est pas exhaustif, j'ai bien plus de textes, croquis et de photos "à la maison"...

http://undertherailway.canalblog.com/

Dans l'attente de vos nouvelles,

Cordialement,

Géraldine Oudin"

4 mars 2007

de Tsurumi à Kokudô

070304fig1

Premier cliché aérien qui permet de situer la zone concernée notamment par rapport à Kazasaki et Yokohama

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Second cliché aérien, mettant en valeur la portion de la ligne Tsurumi observée, c'est à dire entre son terminus/point de départ de Tsurumi et la rivière du même nom. (Une fois cette dernière franchie, la ligne court au niveau du sol sur l'intégralité de son trajet.)

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La première représentation schématique concoctée aujourd'hui énonce en détails l'occupation de la voie. Comme il est ifficile en l'état de repérer au premier coup d'oeil les habitations, j'ai repoussé encore un peu plus mon sommeil pour conclure avec le schéma suivant :

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Presque la même chose, donc, mais en faisant ressortir les habitations.

ps : ce schéma ainsi que tous ceux élaborés jusqu'à lors sont en constante évolution au fil de mes observations. Je les poste pas nécessairement toutes ces versions sur le blog au fur et à mesure, mais elles existent bel et bien dans mes fichiers...Je m'efforce d'y insérer un maximum d'informations décrivant chaque logement de façon à pouvoir retrouver immédiatement les clichés correspondants (je pense avoir posté un tel schéma seulement pour Asakusabashi jusqu'à présent). Comme la surcharge d'informations complique la lecture, sans doute vaut il mieux garder ces documents très détaillés à ma seule intention et ne présenter dans le mémoire que des schémas plus clairs comme celui ci. En revanche, il me reste une grave lacune à combler : je pense qu'il serait important de faire figurer non seulement ce qui se trouve sous la voie ferrée, mais également donner plus d'informations sur le contexte, au moins sur ce qui se trouve directement en vis-à-vis. Cela pose quelques difficultés au niveau de la représentation notamment pour les coupes ne respectant pas d'échelle, mais je suis en train de réfléchir à la solution la plus adaptée. Comme je dispose de nombreuses informations générales sur chaque quartier, est il vraiment nécessaire de donner des informations aussi détaillées pour chacun des lieux? Car cela signifie devoir passer un certain temps à les relever consciencieusement, temps que je crains ne pas disposer...quand vais-je arrêter de me stresser avec ça?

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