éditoriaux

Proust, la suite

Proust, la suite

Après Du côté de chez Swann et À l'ombre des jeunes filles en fleurs, parus en 2022 à l'occasion du centenaire de la mort de Proust, le Livre de Poche fait paraître deux nouveaux et copieux volumes : Le Côté de Guermantes procuré par Yuji Murakami et Sodome et Gomorrhe par Alexandre de Vitry. Cette nouvelle édition d'À la recherche du temps perdu orchestrée par Matthieu Vernet s'appuie sur cinquante ans de recherche proustienne mais fait également la part belle aux récentes découvertes d'inédits qui permettent de mieux comprendre la genèse du grand œuvre et d'apprécier l'exceptionnelle profusion du roman. Dans ces deux volumes, Proust se fait certes l’observateur minutieux d’une noblesse aveugle à son propre déclin mais il enclenche aussi le roman d’Albertine en donnant enfin au personnage de Charlus, et au monde inversé qu’il incarne, toute son envergure. Les éditeurs présenteront ces volumes lors de la soirée de lancement, organisé par l'hôtel littéraire Le Swann, le mercredi 24 avril à 19h.

Le corpus, corps à corps

Le corpus, corps à corps

Les Colloques en ligne de Fabula accueillent les actes du colloque Le Corpus : corps à corps qui s’est tenu à l’Université de Genève en mai 2023. Terme latin qui jusqu’au XIXe siècle a relevé de la sphère religieuse, le corpus désigne dans les langues modernes un regroupement de documents choisis à partir d’un critère commun en vue de leur étude. Or le corpus n’est jamais un objet aux contours arrêtés, mais plutôt une unité hypothétique, à la fois matérielle et virtuelle. Les contributions rassemblées par Marie Kondrat et Matilde Manara montrent que l’idéal d’organicité et de cohérence auquel la notion de corpus renvoie demeure actuel, quoique parfois implicite. Des bibliothèques médiévales aux corpus numériques, un rapport non orthodoxe à cette notion rend possibles différents corps à corps.

(Illustr. : dessin original de Matilde Manara, 2022)

Contre la poésie

Contre la poésie

Littérature générale : états généraux

Littérature générale : états généraux

Si la culture générale, la relativité générale ou encore la médecine générale renvoient à une pratique du généralisme communément comprise, la plupart des tentatives pour définir la littérature générale s’accompagnent d’une forme de scepticisme. Depuis la fin du XIXe siècle, l’épithète "générale" a en effet tantôt désigné l’histoire littéraire internationale, tantôt été assimilée à la théorie littéraire, voire à la théorie tout court. Malgré l’absence d’une définition précise, la formule figure aujourd’hui dans la dénomination de la discipline dans le monde académique francophone. Pourtant, là où les chercheuses et chercheurs en littérature comparée se penchent analytiquement sur deux ou plusieurs cas particuliers, les spécialistes de littérature générale voudraient opérer une synthèse à partir d’un ensemble de données différentes, organisées selon un ou plusieurs principes unificateurs. Si les échelles du grand et du petit, du près et du loin ne sont pas, ou pas entièrement, solubles les unes dans les autres, comment les volets de la "littérature générale" et de la "littérature comparée" peuvent-ils être définis ? Le Centre interdisciplinaire d'études des littérature de l'Université de Lausanne inaugure les 25 et 26 avril en partenariat avec Centre d’Études et de Recherches Comparatistes de la Sorbonne nouvelle des États généraux de la littérature générale, qui se prolongeront en septembre lors du dixième congrès de la Société de Littérature générale et comparée et dans un prochain appel à contributions de la revue Fabula-LhT.

La fiction face au viol

La fiction face au viol

Sujet impossible, le viol menace les capacités représentatives de la fiction et interroge ses rapports avec le réel. Il est pourtant omniprésent dans la fiction, depuis les mythes de l’Antiquité jusqu’aux séries télévisées de l'ère #MeToo. Comment interpréter cette confrontation continue ? Comment articuler autonomie esthétique et responsabilité éthique ? Véronique Lochert, Zoé Schweitzer, Enrica Zanin signent à six mains La Fiction face au viol, accueilli par la collection "Fictions pensantes" des éditions Hermann. Les trois autrices se tournent vers des œuvres de la première modernité qui parlent des violences sexuelles, à une époque où elles demeurent largement taboues. De Boccace à Richardson, de Shakespeare à Pauline Peyrade, d'Ovide à Sarah Kane, l'ouvrage tisse des liens entre contextes passés et questionnements présents et montre comment la fiction, à travers ses mutations, répond aux nombreux défis lancés par la représentation du viol. Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage : "Viol et fiction. Une longue histoire"…

(Illustr. La mort de Lucrèce, Antonio Carneo, ca. 1680, Musée national de Varsovie)

 

Les chemins de Jean-Marie Apostolidès

Les chemins de Jean-Marie Apostolidès

Imaginez un envers méconnu de Jean-Paul Sartre  : un écrivain dont l’autobiographie serait celle d’un cancre et non d’un génie, un sociologue au lieu d’un philosophe, un lecteur qui à Flaubert, Baudelaire et Genet, préfèrerait Corneille, Rostand et Hergé, un dramaturge qui non content de se salir les mains, ferait donner sa pièce dans les latrines d’une prestigieuse université américaine… Jean-Marie Apostolidès (1943-2023) n’a certes pas connu la gloire du pape de l’existentialisme  : il a en revanche choisi très tôt de ne jamais pontifier. Son œuvre mérite ainsi toute notre attention  : courant du Grand Siècle à mai 68, de la Saint-Barthélemy à Guy Debord, elle trace dans la pensée contemporaine un chemin d’exception, ouvrant à une compréhension renouvelée des révolutions morales qui infléchirent les trajectoires historiques des sociétés d’hier, et qui forgeront celles de demain. Ninon Chavoz et Anthony Mangeon font paraître Les chemins de la liberté. Lectures de Jean-Marie Apostolidès dans la collection "Fictions pensantes" des éditions Hermann. Fabula vous invite à découvrir la Table des matières, et donne à lire l'introduction…

Trois lettres aux surréalistes

Trois lettres aux surréalistes

En août 1925, moins d’un an après la parution du Manifeste du Surréalisme, Pierre Drieu la Rochelle publie "La Véritable erreur des surréalistes" dans La Nouvelle revue française. C’est la première des trois lettres ouvertes que Drieu adresse au groupe d’avant-garde dont il est le témoin attentif depuis 1916, et sa rencontre décisive avec Louis Aragon. En sa compagnie, le futur auteur de Gilles et du Feu follet participe à l’aventure Dada à Paris, à celle de la revue Littérature, et à la naissance du surréalisme. Les Trois lettres aux surréalistes qui paraissent dans "Les Cahiers de la NrF" (Gallimard) révèlent qu’il a failli tout miser sur le mouvement d’André Breton, au cœur de ses « Années folles » qui furent des années de crise. Mais vingt ans avant son suicide, une première déception l’attendait : la "petite bande" qui avait pris une position littéraire radicale préparait son ralliement au communisme. En 1927, les faits lui ayant donné raison, Drieu compose deux autres lettres magistrales pour sa revue polémique, Les Derniers jours. Elles affirment la véritable quête idéaliste de Pierre Drieu la Rochelle, celle d’une esthétique littéraire permettant « d’agir à fond » dans son époque. Une quête qui s’affrontera aux dilemmes de l’Histoire. Fabula vous invite à feuilleter le livre…

(Illustr. : Portrait de Drieu la Rochelle par Jacques Emile Blanche)

Lire aussi les éditos de la rubrique Questions de société…

Et les éditos de la rubrique Web littéraire…

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